Que notre Alsace est belle !
Une promenade des quatre saisons dans mon Alsace, celle qui touche et bouleverse
Il y a des jours où cette phrase me revient sans prévenir.
En bricolant un truc dans le garage.
En marchant le long d’un chemin creux.
En regardant un vieux volet bancal sur une maison à colombages.
Que notre Alsace est belle !
Je ne sais pas pourquoi.
Ce n’est pas une phrase que j’ai apprise. Elle s’est imposée.
Avec le temps, elle est devenue comme un refrain intérieur, une petite ritournelle qu’on se répète quand quelque chose nous émeut sans qu’on sache l’expliquer.
Et pourtant — je vous le dis franchement — ce n’est pas un amour aveugle.
L’Alsace, je la connais bien. Je l’ai traversée en long, en large, et parfois de travers.
Je l’ai vue grise, fermée, étouffante.
Mais je l’ai surtout vue changer.
Elle n’a jamais la même tête.
Elle bouge avec les saisons.
Elle se transforme, se maquille, se dépouille, se recouvre.
Alors j’ai eu envie de faire un petit tour d’Alsace.
Pas un grand article géographique ou historique.
Non. Juste un voyage sensible.
Une promenade au fil des saisons, comme on feuillette un album de souvenirs.
Et à chaque page, cette phrase, toujours la même :
Que notre Alsace est belle !
🌸 Que notre Alsace est belle au printemps !
Le printemps ne prévient pas.
Il ne dit pas “j’arrive”, il ne laisse pas de petit mot sur la table.
Non, il surgit.
Un matin, vous ouvrez les volets, et les collines du Sundgau ont changé de couleur pendant la nuit.
Ce vert-là, vous ne le voyez qu’en avril. Pas en mars, pas en mai.
Un vert qui hésite, un peu timide encore, mais déjà plein de promesses.
Je me souviens très bien d’une belle journée ensoleillée.
C’était dans la saison de Pâques, je crois.
On avait pris la voiture un peu au hasard, sans plan précis — l’idée, c’était juste de prendre l’air.
Et là, sur une petite route entre Hirtzbach et Hirsingue, on est tombés sur un verger en fleurs. Des cerisiers, des pommiers, peut-être même des poiriers, je ne suis pas sûr.
Mais quelle lumière ! On aurait dit que le ciel avait décidé d’éclairer juste ce coin-là.
Il y avait ce silence aussi, un silence de printemps.
Pas le silence de l’hiver — trop figé.
Pas celui de l’été — trop bourdonnant.
Un silence habité. Avec le bruissement léger du vent, quelques aboiements lointains, et le cri presque joyeux d’une buse qui tournait dans le ciel.
Franchement, je ne sais pas pourquoi ce moment m’est resté.
Il ne s’est rien passé d’extraordinaire. Mais je m’en souviens encore.
Peut-être parce que ce jour-là, j’ai murmuré tout bas, presque pour moi :
Que notre Alsace est belle !
Ah, et j’ai failli oublier. C’est aussi à cette période que reviennent les cigognes. Alors là, il faut lever les yeux.
Pas tout le monde pense à le faire, hein.
Mais moi, je ne sais pas, c’est devenu un réflexe.
Surtout quand j’approche des villages de la Route des Vins sur Colmar.
Sur les clochers, sur les cheminées, même sur des poteaux électriques parfois — les cigognes sont là, debout, comme si elles gardaient les lieux.
Fièrement.
Et elles claquettent !
Ce bruit-là, si vous ne l’avez jamais entendu… ça surprend.
Ce n’est pas chantant, non. C’est sec, comme des castagnettes nerveuses. Mais c’est chez nous.
Et puis il y a les balcons. Je crois qu’en Alsace, on a cette manie joyeuse d’habiller les maisons dès qu’on peut.
Des jardinières, des pensées, des géraniums déjà, parfois même des tulipes en pot.
Un concours de couleurs improvisé.
Et ça marche. C’est vivant, chaleureux, un peu excessif, oui, mais on aime ça.
Et puis parfois, sans trop savoir pourquoi, on s’arrête au bord d’un champ, on coupe le moteur, on regarde les collines onduler doucement sous le ciel encore pâle… et on se dit, en toute simplicité :
Que notre Alsace est belle !
☀️ Que notre Alsace est belle en été !
Alors… l’été en Alsace, c’est un drôle de mélange.
Il y a la chaleur écrasante dans les vignes, les orages qui grondent tout à coup — sans prévenir, comme s’ils avaient été oubliés dans un coin du ciel — et puis les hauteurs, là-haut, qui restent fraîches même en juillet.
Enfin, fraîches… tout est relatif.
Il m’est arrivé de transpirer comme jamais au col du Hundsruck. Oui, le nom est charmant, mais ne vous fiez pas à ça.
Bon. Reprenons.
Je me souviens d’une rando au départ de Sewen dans la Vallée de la Doller.
On voulait rejoindre le Ballon d’Alsace. Petite marche tranquille, soi-disant.
Sauf qu’on a pris un sentier un peu... disons, escarpé.
Résultat : des rochers à grimper, des racines qui glissent, et moi qui peste intérieurement parce que j’avais, évidemment, oublié de prendre assez d’eau.
Sérieusement, pourquoi j’ai cru que c’était une bonne idée, déjà ?
Mais une fois là-haut, ce silence… et la vue — inoubliable sur les lacs d’Alfeld et de Sewen, en enfilade, entourés d’arbres comme une cachette.
On a pique-niqué là. Du pain, du fromage, des abricots un peu écrasés. Rien d’extra. Et pourtant.
Que notre Alsace est belle ! Même quand elle vous fait transpirer pour mériter un coin d’ombre.
Et puis il y a les villages.
Ah, les villages de la Route des Vins… Alors attention : en août, ils sont envahis.
Je ne vais pas vous mentir.
Mais parfois, il suffit de s’écarter un peu.
Sortir de Riquewihr, prendre un chemin entre les vignes, longer les murets de pierres sèches.
Là, on respire. On entend les criquets — les cigales alsaciennes — et on voit au loin les toits pointus, rouges ou gris, qui dépassent des arbres.
Des toits qu’on reconnaîtrait entre mille.
Et pourquoi ne pas s’arrêter dans un caveau. Pas toujours pour boire, hein ! Juste pour discuter.
Certains vignerons ont ce regard pétillant des gens qui aiment ce qu’ils font.
Et parfois, ils vous racontent un truc qui n’est écrit nulle part : l’année où le raisin a gelé, la fois où ils ont récolté à la lampe frontale, ou ce vin-là, celui qu’ils ont fait pour la naissance de leur fille.
Et là, entre deux anecdotes, le soleil passe à travers les feuillages, les verres tintent doucement, et tout devient calme. Dense.
Que notre Alsace est belle ! Quand elle prend le temps de respirer.
Ah, et j’oubliais : les cigognes sont encore là, parfois perchées sur les toits brûlants.
Elles ont l’air de méditer. Peut-être qu’elles aussi se disent, au fond de leur nid : Pas mal, cet endroit.
🍂 Que notre Alsace est belle à l’automne !
Je ne sais pas si vous avez déjà roulé très tôt, un matin d’octobre dans le vignoble d’Alsace.
Pas encore le lever du soleil. Juste cette brume qui flotte à ras des vignes, comme un voile posé à la hâte par quelqu’un qui n’a pas fini de ranger l’été.
On ne voit pas grand-chose au début.
Et puis soudain, un rayon. Une trouée de lumière, là, entre deux rangées de ceps.
Et tout prend feu. Pas au sens dramatique, non.
Mais littéralement — l’or, l’ambre, le cuivre. Même les piquets en bois ont l’air de briller.
Que notre Alsace est belle ! Surtout quand elle ne cherche pas à se faire belle.
Plus tard dans la saison, les villages changent aussi.
Moins de touristes, les volets parfois déjà fermés.
On entend mieux.
Le bruit d’un marteau sur une grange.
Le chien qui aboie dans une cour.
Le clocher de l’église, qui sonne un peu dans le vide.
Et puis cette odeur… comment dire ?
Un mélange de raisin écrasé, de feuilles mortes et de fumée de cheminée.
Rien de glamour, mais ça sent chez nous. Voilà.
Et puis, il y a ce que les gens oublient souvent : le Jura alsacien.
C’est drôle, on en parle si peu.
Pourtant, ce coin-là… Il a quelque chose de secret.
Des vallons encaissés, des forêts épaisses, des routes qui serpentent entre des villages oubliés.
À Ferrette, par exemple, il y a un château en ruine qui surplombe la vallée.
A son sommet, je suis resté là, à regarder les collines rousses s’étaler à perte de vue.
Et dans ma tête, cette phrase est revenue, sans que je l’appelle vraiment :
Que notre Alsace est belle ! Même dans ses coins les plus discrets, les plus oubliés.
❄️ Que notre Alsace est belle en hiver !
L’hiver, en Alsace… comment dire ? Ce n’est pas juste une saison.
C’est un décor.
Un décor qu’on connaît par cœur, mais qui réussit chaque année à nous surprendre.
Même quand on pense qu’on a fait le tour. Et surtout quand on ne s’y attend plus.
Il y a un jour — je ne saurais plus dire quand exactement — où l’air devient plus sec, plus mordant.
Ce n’est pas encore le froid glacial, non.
C’est juste une petite piqûre sur les joues.
Et moi, quand je sens ça, j’ai tout de suite une image qui me revient : les toits enneigés des villages alsaciens, les guirlandes qui brillent au-dessus des rues pavées, et l’odeur du vin chaud.
Ça ne rate jamais. C’est comme un réflexe.
Et là, forcément, il y a les marchés de Noël.
Alors oui, je sais, tout le monde en parle, tout le monde les photographie sous toutes les coutures.
Mais il y a des moments, surtout le soir, quand les touristes sont partis, où tout devient calme.
Les stands se ferment un à un, les lumières deviennent plus douces, et on entend juste des pas qui crissent sur la neige. Là, à cet instant précis…
Que notre Alsace est belle ! Vraiment belle.
Pas de manière spectaculaire. Juste profondément.
Mais pour moi, l’hiver alsacien, ça commence plus tôt.
Avec la Saint-Nicolas. Le vrai, hein, pas le Père Noël rouge et blanc.
Celui avec sa mitre, sa crosse, son âne, et parfois, son compère un peu inquiétant, le Hans Trapp… Oui, le Père Fouettard alsacien.
Et puis — comment oublier — les bredeles. Là, c’est sacré.
Il y a les biscuits de Noël au beurre, ceux aux noisettes, ceux à l’anis que je n’aimais pas quand j’étais enfant mais que j’adore aujourd’hui.
La cuisine devient un champ de bataille.
Farine partout. Plaques brûlantes. On goûte, on se brûle, on râle.
Et à la fin, on remplit les boîtes en métal avec un soin qu’on n’a pas le reste de l’année.
Ce sont les seuls biscuits que je mange comme des souvenirs. Chaque bouchée a une odeur d’enfance.
Ah, j’oubliais la neige.
Pas toujours là, pas toujours à l’heure, mais quand elle décide de tomber — et vraiment tomber — alors là, tout change.
Les villages deviennent silencieux.
Les colombages semblent sortir d’un rêve.
Et même les voix deviennent plus douces, plus basses, comme si le monde entier voulait ne pas déranger.
Et dans ma tête — sans que je m’en rende compte — cette phrase est revenue :
Que notre Alsace est belle ! Même figée, même glacée, même endormie.
Conclusion
Je pourrais continuer. Parler du printemps dans les Vosges, de l’été à Mulhouse (oui, même là, il y a des merveilles), de l’automne sur les bords du Rhin, de l’hiver à Wissembourg.
Je pourrais… mais ce serait tricher.
Parce que ce que je voulais vous dire, ce n’était pas une énumération.
Ce n’était pas une liste. C’était une impression.
Une émotion un peu floue, qui revient quand on s’y attend le moins.
Et puis surtout — je vais être honnête — l’Alsace ne se laisse pas raconter comme ça.
Elle se vit. Elle s’éprouve. Elle se respire. Elle se mange aussi, parfois (mais je ne voulais pas parler de kougelhopf aujourd’hui).
Alors voilà. Si un jour, en roulant sur une petite route perdue, ou en marchant dans la neige, ou en regardant un clocher se découper sur le ciel bleu d’août, vous vous surprenez à dire tout bas, sans y penser :
Que notre Alsace est belle !
… eh bien je saurai qu’on s’est compris.
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Tu vas me rendre tellement nostalgique que je vais être obligée de faire un retour en Alsace !