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Les Ballons des Vosges : entre rondeurs paisibles et mystères millénaires – 1ère partie

Les Ballons des Vosges : entre rondeurs paisibles et mystères millénaires – 1ère partie

Du Grand Ballon au Donon, les sommets des Vosges racontent bien plus qu’un simple relief. Ce sont des témoins du temps, des gardiens de légendes, et des balcons suspendus entre deux mondes.

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Pierre Guernier
juil. 02, 2025
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Les Ballons des Vosges : entre rondeurs paisibles et mystères millénaires – 1ère partie
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La ligne bleue des Vosges

Qui n’a jamais entendu parler de la ligne bleue des Vosges ?

À l’école, ce nom résonnait comme un mot de passe mystérieux, un clin d’œil à une France blessée mais debout.

Cette ligne bleue, c’était la frontière symbolique entre la Lorraine restée française et l’Alsace perdue, annexée par l’Empire allemand en 1871.

Un horizon teinté d’Histoire, de nostalgie et d’espoir.

Et même aujourd’hui, bien longtemps après le retour de l’Alsace dans le giron national, la ligne bleue continue de hanter les cartes postales et les récits familiaux.

Mais au-delà de cette mémoire collective, les Vosges nous offrent autre chose.

Ce massif discret, modeste en altitude comparé aux Alpes ou aux Pyrénées, possède un charme à part.

Ses sommets ne s’élancent pas vers le ciel comme des défis, ils ondulent. Ils invitent. Ils enveloppent.

On les appelle les ballons. Une belle image, non ?

Comme s’ils flottaient. Comme s’ils avaient été posés là, tout en rondeur, pour nous inciter à ralentir.

Car dans les Vosges, rien ne presse. La lumière change lentement, les sentiers se dévoilent au rythme du pas, les panoramas se méritent sans se conquérir.

Aujourd’hui, je vous propose de prendre un peu de hauteur. Pas seulement en mètres d’altitude, mais en perspective.

Et si ces ballons des Vosges, que l’on admire trop souvent à travers la vitre d’une voiture ou depuis une table d’orientation, avaient bien plus à nous raconter que ce que leurs douces courbes laissent paraître ?


Des sommets tout en rondeur – Pourquoi les appelle-t-on "ballons" ?

Si vous êtes déjà monté au Hohneck, au Grand Ballon ou même simplement au Champ du Feu, vous l’avez sans doute remarqué : ici, pas de pics acérés, pas de flèches rocheuses défiant les nuages.

Non. Les sommets vosgiens ont quelque chose de doux, presque maternel. Ils arrondissent l’horizon. Ils font penser à des coussins posés entre ciel et forêt.

Ce n’est pas un hasard si on les appelle des ballons.

À première vue, on pourrait croire qu’il s’agit d’une métaphore enfantine. Mais en réalité, le mot « ballon » a une histoire bien plus ancienne.

Il viendrait de l’allemand Bölchen, un mot dialectal qui serait lui-même dérivé du vieux haut allemand bolla, signifiant un récipient arrondi.

Cette racine a donné bulla en latin – une bulle, une sphère – et par glissement sémantique, nos mots français bol, boule, ballon.

Le sommet devient donc une sorte de bosse, une bulle de terre surgie du paysage, arrondie par le temps, comme si la montagne avait vieilli en paix.

Mais voilà, dans les Vosges, tous les sommets ne sont pas des ballons.

Officiellement, on n’en compte que cinq qui portent ce nom : le Grand Ballon, le Petit Ballon, le Ballon d’Alsace, le Ballon de Servance, et le plus discret Ballon Saint-Antoine.

Les autres – et ils sont nombreux ! – se nomment avec des suffixes germaniques tout aussi évocateurs :

  • -kopf (la tête) : Baerenkopf, Rainkopf, Hartmannswillerkopf (le Vieil Armand) ;

  • -berg (la montagne) : Rossberg, Herrenberg, Kastelberg, Hohenberg ;

  • -stein (le rocher) : Markstein, Ramstein, Windstein, Falkenstein…

Il y a là tout un vocabulaire qui dit à la fois la rudesse du relief et l’ancrage culturel germanique de la région. Une montagne qui parle deux langues, au moins. Et peut-être trois si on y ajoute celle du silence.

Au fond, c’est toute l’identité des Vosges qui se révèle dans ces noms : un territoire frontalier, à la croisée des influences, mais qui reste profondément lui-même.

Et si les ballons nous paraissent ronds et paisibles aujourd’hui, c’est peut-être parce qu’ils portent les cicatrices d’un passé tourmenté… sculptées avec grâce par le temps.


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